Ce titre pourrait en étonner plus d’un et pourtant il y a des réalités qui ne trompent pas dans les sociétés libérales. Ces dernières décennies ont vu l’émergence d’une volonté politique plus ou moins affirmée de modeler un “islam des lumières” par opposition à des islams “exogènes”. Entre les Sunnites, chiites et salafistes il y a toujours eu des écoles de pensées différentes, des plus conservatrices, spirituelles aux plus ésotériques.
Les influences des sociétés libérales ont fondamentalement remis en question le fondamentalisme et des coutumes religieuses. Il n’est pas rare de de voir de plus en plus de Musulmans remettre en question des acquis des islams “exogènes” pour aller au delà de ce qu’ils ont appris et qu’on leur a inculqué. Certains même quittent l’islam et d’autres deviennent les apôtres de la sortie de l’islam, du moins des islams “exogènes”.
Ces islams “exogènes” qui ont été transmis par les diverses vagues de migration des quatre coins du globe posent un problème dans les sociétés libérales lorsque le port du voile, de la barbe font des Musulmans qui les adoptent des membres d’une “cinquième colonne” qu’il faudrait écarter de la Nation. Lorsqu’un Musulman porte ce genre de vêtements, il est aussi dit de lui qu’il suivrait un projet complotiste de conquête de la société par l’Islam. Dans la plus abjecte des interprétations de certains esprits étriqués les Musulmans se voient désignés comme des semeurs de terreur alors qu’ils en sont les premières victimes.
Que nenni! Le Musulman est comme tout être humain en chair et en os – est-il nécessaire de rappeler – qui a ses projets de vie aussi bien personnels que professionnels et une aspiration certaine à s’émanciper dans la société dans laquelle il évolue. Lorsqu’il rencontre les freins dans la vie de tous les jours car il préférera mettre le voile pour les femmes ou porter la barbe pour un homme, il se demande de quelle nature est cette société libérale qui affirme libérer la femme et l’homme et qui dans le même temps impose un mode de vie à travers des discours politiques clivants et le matraquage médiatique sur leur religion, l’Islam.
Dans cette perspective de hiérarchisation des islams et de relégation manifeste d’islams “exogènes”, le droit d’exercer sa religion quel que soit le courant est en péril. Les valeurs de liberté tant promises perdent in fine de leur sens.
